Espace : Pas de Shutdown pour le rover Curiosity

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Copiloté par la France et les Etats-Unis, le rover Curiosity explore la planète Mars depuis le 26 novembre 2011. Une mission qui pourrait être impactée à cause de l’impasse budgétaire qui paralyse les Etats-Unis. Un « shutdown » qui dure depuis le 1er octobre et qui n’a pour l’instant aucune répercutions comme le confirme Maurice Sylvestre, planétologue à l’IRAP (CNRS Université Paul Sabatier), coresponsable du ChemCam, outil d’exploration du rover. Entretien.

 

Toulouse Infos : Au début du mois, un porte-parole américain a annoncé le repos forcé de Curiosity. Qu’en est-il réellement ?

Maurice Sylvestre : Il n’y a aucune paralysie, le budget a été sécurisé et l’exploration de Mars continue comme prévu. Après, il est vrai que la vie de certains scientifiques outre-Atlantique s’en est vue modifié. Ils travaillent par exemple depuis chez eux et les sites internet ont fermé, mais tant que la situation ne s’éternise pas, il n’y aura pas de Shutdown pour Curiosity.

T.I : Ce copilotage entre les États-Unis et la France, comment a-t-il été mis en place et comment vous partagez-vous le travail ?

M.S : C’est en fait parti d’un simple appel d’offres. La NASA avait un véhicule et a lancé un appel pour trouver les meilleurs prestataires pour faire fonctionner l’équipement qu’il embarque. Nous avons gagné sur deux équipements : La ChemCam qui est capable d’analyser la composition élémentaire d’une roche, et ce jusqu’à 9m de distance, et Sam qui étudie la composition organique du sol et de l’atmosphère de la planette rouge.

Mais nous ne pilotons pas que ces éléments, nous fonctionnons par un système de feuille de route. Nous donnons chaque jour au robot les directives qu’il devra suivre durant les 12 prochaines heures, il serait difficile de le piloter en temps réel. Cela permet une meilleure Coordination entre le CNES et Los Alamos. La plage horaire où nous sommes en charge de Curiosity est entre cinq heures du soir à trois heures du matin une semaine sur deux.

T.I : Qu’a découvert le rover depuis maintenant près de 3 ans et quels sont vos objectifs pour l’avenir ?

M.S : Cette mission étant une première, nous découvrons des choses constamment. Mais la dernière trouvaille est l’analyse de roche qui nous porte à croire de manière plus que certaine de l’habitabilité de mars dans le passé. Pour ce qui est du plan de route à venir, comme toujours à long terme, nous allons nous diriger vers le Mont Sharp afin d’y étudier un bassin sédimentaire non loin de là qui promet là encore de nombreuses informations à venir. Cela prendra plusieurs mois, car il faut rappeler que Curiosity ne se déplace que de 70m par jour en moyenne

 

propos recueillis par François Nys