La cigarette électronique : « Je refuse depuis le début la vente aux mineurs »

1135

Jeudi 27 juin, l’assemblée nationale a voté l’amendement interdisant la vente de la cigarette électronique aux moins de 18 ans. Appliqué par la plupart des revendeurs dans la pratique, à Toulouse, les projets de la Ministre de la Santé divisent l’opinion, qui s’interroge sur la pertinence de ses propositions.

 

A l’occasion du projet de loi sur la consommation, les députés ont voté fin juin l’amendement PS qui prévoit l’interdiction de vendre des cigarettes électroniques aux mineurs. Une mesure à laquelle la ministre de la santé, Marisol Tourraine, souhaite voir s’ajouter la prohibition de la publicité ainsi que son usage dans les lieux publics.

Une volonté du gouvernement de durcir la législation, suite à un rapport de l’Office français de prévention du tabagisme (OFT) qui révèle que 64% des jeunes n’ayant jamais fumé, on essayé la cigarette électronique.

 

Une législation plus lourde qui divise

Si le vote de cet amendement va entrainer des contrôles et d’éventuelles sanctions, dans la pratique, rien ne va vraiment changer. « Je refuse depuis le début la vente aux mineurs » explique le gérant de Vapstory qui « vise les gros fumeurs » que l’on retrouve « chez les 30-50 ans ». De plus, « les mineurs viennent le plus souvent accompagnés de leur parents » constate Serge Muller, associé de la boutique Delismoke.

Cependant, le responsable de Vapstory met en garde contre « l’amalgame fait par les médias avec la cigarette jetable, pré-remplie en usine, vendu chez les buralistes » et dont la provenance du liquide n’est pas tracée. « C’est un produit bas de gamme qui ne reflète pas la cigarette électronique » explique t-il. Un raccourci également emprunté par les scientifiques qui « commettent la même erreur » et « faussent les conclusions sur l’ensemble du secteur » selon Serge Muller.

Face à la détermination de la Ministre de la santé sur l’application de la réglementation de la cigarette traditionnelle à la cigarette électronique, les avis sont partagés. Pour Eric Ayivore, qui « préconise aux parents de ne pas vapoter devant les enfants », l’interdiction de son usage dans les lieux publics « ne devrait pas être un frein ». « Les gens achètent la cigarette électronique pour arrêter de fumer, pas pour fumer là où ils ne pouvaient pas avant » confie le gérant de Vapstory. Face à la prohibition de la publicité, Serge Muller réagit vivement et qualifie de « criminel » le projet de circulaire de Marisol Tourraine, qui « empêche le débat ». « C’est aberrant, car en plus elle agit à l’encontre des recommandations faite par l’OST dans son rapport ». Le co-créateur de la boutique Delismoke qualifie de « fantasme » l’idée selon laquelle un non fumeur passe à la cigarette électronique » et dénonce fermement les « lobbies pharmaceutiques et tabagiques ».

 

Un marché qui se densifie mais sous contrôle ?

Malgré la prolifération des boutiques proposant la cigarette électronique, une certaine éthique est naturellement observée chez les revendeurs. Délismoke, Ismoke31 ou encore Vapstory s’évertuent à ne commander que des liquides européens ou en provenance des Etats Unis. « Dans un soucis de transparence et de qualité du produit, je privilégie la fabrication française » déclare Eric Ayivore, gérant du magasin rue Temponnière. Mais à Vapstory on s’inquiète de la multiplication des boutiques non spécialisés, rappelant la nécessité « de conseiller sur le dosage de nicotine, qui peut vite amener à l’addiction ». Le gérant confie même vouloir, à long terme, voir le milieu « encadré par le corps médical » car avant toute chose, la cigarette électronique, dans de bonnes conditions, « permet le sevrage ». Un marché lucratif qui voit sa clientèle augmenter depuis quelques mois, notamment avec la hausse du prix du tabac.

 

Article de Marine Astor