Malaise des policiers : « un travail devenu trop individualiste »

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Manque de soutien de la hiérarchie, mauvaises conditions de travail et taux de suicide élevé. Une étude sur le management et le stress au travail réalisé par le CNRS de Toulouse  révèle le  malaise croissant des policiers. Ce travail, mené de mai 2011 à janvier 2012 auprès de 13000 gardiens de la paix, brosse le portrait d’une police aux bords de la crise de nerfs.

 

« Quand Benjamin Netanyahu est arrivé sur Toulouse on a prévenu les collègues au dernier moment, la veille pour le lendemain pour leur dire que les repos étaient annulés. Le directeur nous a expliqué que pour éviter toute forme d’attentat, il n’avait pas eu le choix. On comprend bien qu’on est toujours plus ou moins d’astreinte » constate Luc Escoda du syndicat alliance Toulouse. Au niveau national, 72% des fonctionnaires sondés estiment que leur institution ne reconnaît pas leurs efforts. Pour Luc Escoda, «  les policiers déplorent le manque de soutien  de la hiérarchie et leur  mauvaise image auprès du public. En gros la direction leur demande de faire du chiffre sans tenir comte de leur  avis et les citoyens leur demande une présence sans faille ». Même si 59,9 % des gardiens de la paix estiment ne pas être en concurrence entre eux et avoir de bons rapports avec les autres services, les difficultés du quotidien engendrent des risques psychosociaux. Ils soulignent que leur travail est « éprouvant sur le plan émotionnel, mental et relationnel ».

 

Taux de suicide élevé

En France, le taux de suicide dans la profession est 36 fois plus élevé que dans le reste de la population. En 2011, 43 policiers sont passés à l’acte. « L’an dernier à Toulouse, 3 de nos collègues se sont donnés la mort. J’en connaissais deux, un du commissariat de Jolimont et un autre qui faisait la nuit.  Les enquêtes décès  sont en cours et  la justice essaye de déterminer les causes.  Il y a toujours un facteur déclenchant, ça peut être le travail, la vie personnelle… Avant chez nous on se serrait les coudes, maintenant c’est devenu trop individualiste » conclut Didier Gailhard secrétaire régional adjoint du FPIP.

 

Pierre Jean Gonzalez