Houria Bouteldja : « Un noir raciste, ça ne veut rien dire »

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La porte-parole du parti des Indigènes de la République était jugée hier après-midi par la Cour d’Appel de Toulouse, pour « injures raciales contre les français ». Des poursuites intentées pour des propos tenus en 2007, lorsque Houria Bouteldja avait qualifié les hommes blancs de « souchiens » au cours d’un débat télévisé. Un jeu de mot malvenu pour l’Agrif, qui poursuit la militante politique devant la justice. Quelques heures avant le début des audiences, la jeune femme a fait le point.

 

« Ceux qui mettent un tiret et comprennent sous-chiens, ça les regarde » balaie Houria Bouteldja d’un claquement de langue. « C’est à eux de prouver mon intention d’injurier. J’ai simplement inventé un mot pour désigner ceux qui se réclament être français de souche. Si des gens entendent un racisme anti-blanc dans le terme de souchiens, c’est qu’ils ont un problème d’écoute » diagnostique t-elle. Problème ou pas, certains ne l’entendent décidément pas de cette oreille. En première ligne l’Agrif, l’Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l’Identité Française et chrétienne. L’association, qui avait porté l’affaire devant les tribunaux, a fait appel de la relaxe prononcée. Prévu le 19 novembre prochain, le délibéré est loin d’affoler l’avocat de l’intéressée, maître Henri Braun. « C’est simple, il n’y a pas d’infraction commise. D’une, parce qu’il n’y a aucune volonté d’insulter qui que ce soit. De deux, parce qu’aucun groupe n’est visé. Etre français de souche est une notion insaisissable ». Une analyse, sans surprise, partagée par l’accusée. « Je suis la première à comparaître devant la justice pour racisme anti-blanc. Si j’étais condamnée, ce serait absurde et scandaleux à la fois ».

 

Racisme à deux vitesses

Ni demi-mesure, ni machine arrière. Houria Bouteldja défend bec et ongles l’inexistence du racisme anti-blanc dans la société française. Point barre. « L’idée d’un racisme anti-blanc est un renversement de la situation. C’est une inversion des rôles destinée à brouiller la notion de racisme. Seuls les dominants ont le pouvoir d’être racistes, alors que les dominés réagissent à une violence vécue ». La militante poursuit en exposant l’idée dans son application concrète. « Un noir raciste, cela ne veut rien dire. Une personne issue de l’immigration qui dit « sale blanc » peut éprouver de la haine, de la rancœur ou de l’amertume, certes. Mais ce n’est pas du racisme ». Pour Houria Bouteldja, la question doit être ramenée au plan politique. « Il faut comprendre le racisme comme système de domination global. Le racisme anti-blanc n’est qu’une forme dévoyée d’antiracisme pour soutenir le racisme. Celui-ci est devenu institutionnalisé et cela n’est pas uniquement le fait de la droite ou de l’extrême-droite, mais de tout le champ politique français ». La porte-parole du PIR déclare vouloir « rompre l’isolement » des quartiers défavorisés tout en revendiquant l’indigénat. Un paradoxe qu’elle s’empresse d’éclaircir. « Pendant trente ans, la revendication consistait à dire « on s’en fout, on est chez nous ». Ce discours citoyen n’a strictement rien donné. Nous sommes toujours discriminés et considérés comme moins français que les autres. Des indigènes de la République. Au bout d’un moment, il faut résister. La société ne comprend que les rapports de force ».

 

Christophe Guerra