Transports en commun : Toulouse risque de (re)prendre du retard

381

La semaine dernière, la commission d’enquête publique sur le Plan de Déplacement Urbain a rendu un avis négatif sur le projet municipal pour la période 2010-2020. En d’autres termes, ce sont des lignes de tramway, de bus en sites propres et de téléphérique qui risquent de ne pas aboutir. Ce programme de développement des transports en commun, initié en 2008 par l’investiture socialiste, sera tout de même adopté le 17 octobre prochain. Un passage en force qui s’attire les foudres de l’opposition.

 

« Une mauvaise nouvelle » a simplement déclaré le maire. En effet, le plan de déplacement urbain mis en avant par le syndicat mixte des transports de l’agglomération toulousaine (SMTC-Tisséo) n’a pas convaincu la commission d’enquête publique. Celle-ci évoque « un plan flou trop centré sur Toulouse » qui ne répond pas aux objectifs de diminution du trafic automobile. L’examen des aménagements prévus a notamment désavoué trois projets. D’abord, le prolongement du tramway vers le parc des expositions de Beauzelle ainsi que la création d’une ligne le long du canal du Midi. Ensuite, la mise en place d’un bus en site propre vers Tournefeuille et Muret. Enfin, la ligne téléphérique reliant le cancéropôle à l’université Paul Sabatier. « Aucun gain notable dans la limitation des gaz à effet de serre et la consommation d’énergies fossiles » rapporte l’organisme compétent, qui déplore en outre l’absence d’études « alternatives ». Un soufflon peu prompt à freiner les ambitions du président de la SMTC, qui n’est autre que Pierre Cohen lui-même.

 

« Le SMTC doit revoir sa copie »

Sans pouvoir coercitif, la commission ne peut empêcher l’adoption du projet déjà annoncée par l’élu socialiste. Le PDU, qui tracera le maillage de déplacement urbain pour les huit ans à venir, sera entériné le 17 octobre prochain lors du conseil syndical de la SMTC. Un « entêtement » qui fait bondir Jean-Luc Moudenc, président de la section UMP locale. « Cette décision de la commission repose sur des faiblesses que j’avais moi-même dénoncées. Avec un tel avis défavorable, le syndicat mixte doit revoir sa copie. Pour davantage d’ambition, et moins d’idéologie ». François Chollet, membre du groupe Toulouse Métropole d’Europe, parle d’un « coup dur pour Toulouse » et d’un « échec pour Pierre Cohen ». Un avis défavorable qui hypothèque selon lui l’avenir de l’agglomération. « Une nouvelle fois, ce sont les toulousains qui vont payer au prix fort les conséquences de choix politiques contestables » regrette t-il avant de conclure. « Cette décision de passer outre risque d’occasionner de nouveaux contentieux, et donc de nouveaux retards ». Car ce délibéré de la commission pourrait bien servir de socle juridique pour les opposants au projet. Devant un tribunal administratif, notamment.

 

Christophe Guerra