Handicap : le taux d’emploi en Midi-Pyrénées en dessous du seuil légal

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Dans le cadre de la semaine du handicap, les acteurs économiques et associatifs se mobilisent pour mieux insérer les travailleurs dans l’entreprise. Organisé par l’Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées (AGEFIPH), cet évènement annuel veut provoquer l’électrochoc. Les personnes infirmes, en particulier dans la région, n’ont toujours pas suffisamment accès au monde du travail. Remarquée pour ses résultats probants, c’est la société toulousaine de menuiserie Alain Bonadei qui a été choisie pour lancer l’opération en Haute-Garonne.

 

En France, on estime le nombre de demandeurs d’emploi handicapés à 340 000. Un chiffre qui a progressé de 15,6% par rapport à l’an dernier. « La situation conjoncturelle est plus difficile. Quand le chômage augmente, ces personnes ont évidemment plus de mal à s’insérer sur le marché du travail » analyse le préfet de Haute-Garonne Henri-Michel Comet. C’est pourquoi l’Agefiph, avec ses partenaires Pôle et Cap Emploi, ne relâche pas ses efforts. Cette seizième semaine du handicap, qui coïncide avec les 25 ans de l’association, met les bouchées doubles. Au programme dès lundi, la composition de binômes avec d’autres salariés, des simulations d’entretien d’embauche, des rencontres avec les recruteurs ou encore des réunions d’information. Avec, c’est à souligner, la mise en ligne de la Web TV « Handichat » permettant aux employeurs de présenter des offres d’emplois adaptées. Mais bien que souhaitable, l’insertion professionnelle ne constitue pas une fin. Il y a également un travail à effectuer sur le quotidien, comme l’explique le délégué régional de l’Agefiph Jean-François De La Rivière. « L’handicap est lourd à porter. Souvent, les personnes infirmes insérées n’osent rien demander et leur management ne reçoit pas de signal. Certains cachent leurs problèmes au médecin du travail. L’Agefiph peut s’occuper d’eux ». La semaine du handicap, du 12 au 16 novembre, sera peut-être pour certains l’occasion de découvrir et de solliciter l’association.

 

8266 chômeurs en Haute-Garonne

Officiellement, les entreprises doivent compter à minima 6% de personnes handicapées dans leurs effectifs. Sans quoi, le couperet des cotisations supplémentaires tombe. Or, Midi-Pyrénées reste mauvais élève, malgré une progression notable des efforts. Avec 21 142 demandeurs d’emplois, dont 8266 pour la seule Haute-Garonne, elle n’affiche que 2,7% d’infirmes parmi ses travailleurs. Soit moitié moins que le seuil national légal. Pourtant, près de quinze mille personnes handicapées travaillent actuellement au sein d’entreprises de plus de vingt salariés. La grande majorité d’entre eux sont en CDI. Les allocations d’Etat ainsi que le nombre de structures spécialisées placent plutôt la région dans le haut du paquet. « Midi-Pyrénées a l’image d’une grande tonicité économique, mais a du mal à faire face à sa démographie » avance le préfet. L’exemple de l’entreprise d’agencement de locaux Alain Bonadéi prouve qu’il n’existe pas de fatalité. L’homme (du même nom) emploie vingt-six salariés, dont six handicapés. Pour maintenir les postes de deux d’entre eux et adapter la logistique, 42 000 euros ont été déboursés de ses propres caisses. D’une étonnante modestie, il commente. « Quand je salue mes salariés, je ne vois que des compagnons motivés. Il ne s’agit pas d’une stratégie ou d’une volonté particulière de ma part. Mais quand quelqu’un correspond aux compétences requises, handicapé ou pas, il n’y a aucune raison que je ne le prenne pas. Ce ne sont pas des efforts, mais simplement de nouveaux réflexes à adopter ». Sans nul doute, l’Agefiph a choisi le bon flambeau pour initier son opération en Haute-Garonne.

 

Christophe Guerra