Toulouse : une centaine de personnes mobilisées hier contre le viol

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Hier en fin d’après-midi, un rassemblement contre le viol et les violences faites aux femmes s’est tenu devant le Palais de Justice de Toulouse. Une mobilisation en lien direct avec le verdict prononcé jeudi dernier par la cour d’assise du Val-de-Marne, dans l’affaire dite des « tournantes ». Dix suspects sur quatorze ont été acquittés, les autres condamnés à des peines extrêmement clémentes. Pour le collectif « Osez le féminisme 31! », une sentence aussi dérisoire que méprisante à l’égard des victimes.

 

« Soutenir Nina et Aurélie, c’est soutenir toutes les autres femmes victimes du fléau qu’est le viol » clame Nataly Breda, présidente de l’association féministe. « Les auteurs auraient pu prétendre à dix ou vingt ans de prison. Le tribunal a condamné l’un des agresseurs à un an de prison ferme. C’est dans cette affaire la peine maximale. On croirait à une blague » s’indigne t-elle. Il est vrai que cette décision, peu commune, a grandement choqué l’opinion publique. Nombre d’élus sont eux aussi montés au créneau pour exprimer leur incompréhension. C’est le cas notamment d’Harlem Désir, « surpris » par la nouvelle et craignant une « banalisation du viol ». Pour Nataly Breda, l’indifférence à l’égard de l’acte provient en partie d’un certain laxisme politique. « Le manque de prise en charge est criant. Par exemple, lorsque des viols passent en agression ou que des procédures d’éloignement dans les cas de violence conjugale ne sont tout bonnement pas appliquées. Les lois ne sont ni bien faites, ni correctement appliquées » soupire l’indignée.

 

Pénétrer la sphère politique

Eradiquer les violences faites aux femmes, énième lubie des féministes ? « On compte 75 000 viols par an en France, soit un cas toutes les dix minutes » rappelle Nataly Breda. « Le viol n’est pas un fait divers isolé, c’est un vrai phénomène de société. Il est temps de prendre le problème à bras le corps ». Et c’est bien l’objectif affiché d’une pétition signée par 18 500 personnes, dont l’association toulousaine est signataire. Cette lettre ouverte adressée à François Hollande veut pousser les efforts gouvernementaux sur la question. Celui-ci est enjoint à organiser un « grand débat » qui puisse « déboucher sur des politiques publiques à la hauteur du défi lancé ». Délicate position pour le chef d’Etat, porteur d’une campagne présidentielle pleine d’attention et de flatteries à l’égard des femmes. Délicate parce que parallèlement, la nouvelle ministre de la Justice s’est clairement démarquée du « tout-carcéral » et des peines planchers dans ses dernières déclarations. Sur la question du viol, le chemin emprunté risque de faire contresens. Dans tous les cas, il est clair qu’adopter une position cohérente ne sera pas de la tarte. Qu’il faudra nécessairement trouver un point d’équilibre.

 

Christophe Guerra