Le CHU de Toulouse met en place des groupes de parole pour les enfants en deuil

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Histoire d’en parler propose des groupes de parole aux enfants en situation de deuil. Photo / CTDR

« Histoire d’en parler » propose des groupes de parole aux enfants en situation de deuil. Une approche nouvelle qui répond à un besoin essentiel d’expression, d’écoute et de partage.

 

En collaboration avec les fondations APICIL contre la douleur et OCIRP pour les orphelins, le CHU de Toulouse a mis en place le dispositif « Histoire d’en parler ». Il s’agit de groupes de parole médiatisée par des psychologues animatrices pour les enfants ayant perdu un frère, une sœur ou l’un de leur parent. Chaque groupe se compose de 6 enfants encadrés par deux animatrices. Quatre types d’ateliers sont proposés avec pour thèmes le dessin, le collage ou encore le modelage de terre. Ils sont des supports à l’expression des ressentis et des histoires de chacun. Celui du mandala des émotions par exemple consiste à représenter son intérieur psychique, à renfort de couleurs. Les dessins engendrent des dialogues entre les enfants et permettent aux animatrices de prendre connaissance de leur vécu, avec leurs propres images et leurs propres mots.

Le Dr Lutgen explique qu’on peut également demander aux enfants de représenter « comment ils voient la vie et l’avenir, car souvent ces familles endeuillées ne se projettent plus ». Un des intérêts primordiaux de cette approche est qu’ils peuvent réaliser que « d’autres enfants vivent des choses similaires » et échanger entre eux. Nathalie Aulnette, directrice de la Fondation APICIL, explique que ce dispositif est « une expérience unique, qui n’existe nulle part ailleurs en France ». Tous les intervenants espèrent vivement pouvoir multiplier ces groupes de parole.

 

Une parole nécessaire

Le Dr Vignes, responsable de l’équipe de liaison de pédo-psychiatrie à l’hôpital des enfants du CHU de Toulouse explique que « pour les protéger, les enfants sont généralement mis à l’écart du deuil et ils en souffrent ». Par ailleurs, les parents sont tellement blessés que les enfants ne veulent pas rajouter à leur souffrance et préfèrent se taire, « ils intériorisent ». Ils se rendent également compte qu’il faut « paraître, faire semblant que tout va bien, pour rester intégré, ne pas être mis à l’écart par les copains ». Le danger est que « les choses ne se figent trop », que cette partie de leur histoire ne « s’enkyste ». Ils doivent absolument s’exprimer, s’approprier leur histoire et pouvoir se la rappeler. Sans quoi, le traumatisme « ressortira plus tard, d’un coup, quand il y aura d’autres problèmes, sans pouvoir en identifier la cause ».

 

Laetitia Vieillescazes