Onesta : « Les organes jacobins sont un frein au développement du multilinguisme »

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Ces derniers mois, la place des langues régionales dans l’enseignement a suscité des débats animés. La semaine passée, plusieurs élus d’Europe Ecologies les Verts, actifs défenseurs de la diversité linguistique, s’exprimaient à Toulouse sur la politique menée par le gouvernement et l’importance de ce patrimoine culturel.

 

Aujourd’hui le sénat se réunit en séance publique pour examiner le projet de loi « d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la république ». Un texte jugé « décevant » par Paul Molac, député écologiste au Parlement. « Lors de la première lecture à l’Assemblée Nationale nous n’avons pas été entendu » explique t-il. Selon lui, la diversité linguistique s’articule autour de deux projets. Il s’agit de « la reconnaissance de l’enseignement bilingue » (français et langue régionale), ainsi que de « la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires », dont le processus d’adoption est soumis à une réforme de la constitution. Pour Gérard Onesta, Vice-président de la Région en charge des affaires européennes, ce sont « les organes jacobins tels que le Conseil d’Etat et le Conseil constitutionnel » qui sont un « frein » au développement du multilinguisme. Il ne cache pas son inquiétude quant au « droit à l’expérimentation » devant être mis en place par le projet de loi sur la décentralisation. Ainsi, une région se verrait contrainte d’abandonner toutes les mesures politiques entreprises dans le cadre de la valorisation des langues régionales si « l’hexagone ne s’aligne pas dans les 5 ans » explique Gérard Onesta.

 

Une diversité culturelle défendue par l’Union Européenne

Le député européen François Alfonsi, Maire d’Orsani en Corse, souligne le comportement de « cancre » de la France en terme de diversité, alors même que les langues régionales « cherchent un second souffle ». La Charte européenne constitue un « standard International et Européen » sur lequel la France doit se conformer exprime François Alfonsi. Il rappelle « l’engagement » de François Hollande au cours de sa campagne présidentielle à ce sujet, et n’envisage pas qu’il y ait une « impasse sur la réforme constitutionnelle » nécessaire à la ratification de la Charte. La Nation française « ne peut pas tenir un discours prônant la diversité à l’échelle internationale et appliquer une politique monolinguistique dans ses frontières » confie Paul Molac.

 

Article de Marine Astor