Moudenc au pays des Bisounours

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La tribune du magazine bimestriel « Objectif News » était consacrée cette semaine au nouveau grand Timonier de Bisouville : Jean-­Luc Moudenc. Après m’être fendu de 3,50 € afin d’acheter la revue, « vent-­du-­cul »…(à traduire par : « rapidement ») et ce, avant que celle-­ci ne fût en rupture de stock, je découvris à mon tour, tout émerveillé, le monde fabuleux donc, de Moudenc 1er bis, au pays des bisounours.

 

La photo de couverture, digne d’un professionnel artistique de renom, a de quoi surprendre de prime abord. Ce n’est plus le Moudenc au profil pharaonique caricaturé à souhait que nous avons sur cette photo de magazine, mais presque la doublure d’Alain Delon à 40 ans. Chapeau l’artiste ! Je ne sais pas si notre nouveau maire sera ministre un jour, mais le photographe, lui, ira loin.

S’ensuit 14 pages de louanges de la part de ses amis d’hier, à la gloire du nouveau locataire du Capitole, et de confidences que nous fait ce dernier, sur ce que fut selon lui, sa longue traversée du désert. A la lecture de ces aveux poignants, nos yeux sont souvent embués bien malgré eux, n’ayons pas honte de le dire. Oui, les hommes aussi peuvent pleurer, lorsque ceux­-ci sont en proie à une vive et sincère émotion. Comme eux, je ne déroge pas à la règle, étant fait du même bois.

« J’ai marché seul, sans témoin, sans personne » …nous dit en quelque sorte Moudenc, pour nous donner une idée de ce que furent pour lui, les affres de cette longue marche. Pourtant, cette traversée est à relativiser, puisque fort apitoyé par ses déboires, un chef de tribu notoire lui assurera sous sa tente Caïdale, le boire et le manger, en nommant Moudenc contrôleur général économique et financier à Bercy dès 2008. Et de fait, ce poste vaudra à notre grand aventurier de prendre à cette époque, ici et là, quelque embonpoint.

Mais même nourri aux loukoums, le destin vous rattrape, et très vite, des voix intérieures se font entendre sous la boîte crânienne de notre future gloire locale : « Jean-­Luc, vas à Bisouville, et délivre nous des socialistes ! »

C’est alors qu’il entreprend de descendre la Garonne à la nage, comme le fit Mao avant lui sur le Yangtsé. Il se surprend même à prendre le métro (faute de chauffeur personnel) et paye son ticket.

Jean-­Luc Moudenc nous explique dans son interview, qu’il a alors pris la décision de fédérer. Pour cela il s’enfonce jusque dans les entrailles de la ville, le long des quais tagués. Il va à la rencontre de ces quelques fidèles de toujours qui ne l’ont jamais quitté, tatoués pour ne pas dire marqués au fer rouge comme lui par la défaite, et restés depuis, sur le pavé.

Comme on l’aurait fait avec de vieux fauteuils ou des commodes anciennes, récupérées dans quelques vide-greniers, ces amis d’hier ont été relookés, poncés, cérusés, peut-­être même… « déniaisés » pour certains. (Je salue au passage la venue dans cette équipe au design nouveau, d’un décorateur d’intérieur de talent. J’ai nommé: Antoine Grézaud, ancien directeur de cabinet de Dominique Baudis, devenu aujourd’hui celui de Jean-­Luc Moudenc).

Au fait mon cher Grézaud, partages-­tu l’idée comme moi, que Jean-­Luc Moudenc pourrait être nommé ministre demain, dans le futur gouvernement Juppé ? L’y prépares-­tu au moins ?

Pour l’heure, Jean-­Luc Moudenc en profite aussi pour régler ses comptes à travers le magazine Objectif News : « J’ai été sous­-estimé…à la fois par mes adversaires, et par un certain nombre de mes amis et partenaires » ne peut-­il s’empêcher d’envoyer à l’attention de celles et ceux qui se reconnaîtront. (C’est que ceux­ci doivent être sans doute plus nombreux que la liste que le magazine donne de ses meilleurs ennemis, où ne figurent que les noms de : Pierre Cohen, Christine de Veyrac, Laurence Massat, et Douste Blazy, soit quatre au total).

Heureux homme, que celui qui ne compte que quatre ennemis !

Faut-­il néanmoins comprendre à travers ces quelques mots, que la révolution culturelle et les représailles qui vont avec, sont d’ores et déjà enclenchées au sein de notre famille politique toulousaine ? Cela se pourrait bien, si notre nouveau maire était tenté soudainement, comme Mao Zedong avant lui, par le culte de la personnalité. Ce qui ressort en gros de cette interview.

Même Pierre Esplugas, d’ordinaire si prompt à critiquer des chroniqueurs qui ne sont pas toujours de son avis, ne s’est pas rendu compte qu’une telle adoration messianique déclinée en 14 pages, pourrait être jugée un tantinet… « too much ! ».

Je dirai en conclusion, qu’il manquait dans ce missel de louanges, une quinzième page pour boucler la boucle. Celle où l’on aurait vu notre grand Timonier local, marcher sur les eaux de la Garonne, un jour de grande décrue sous un ciel d’été, où comme chacun sait, on peut traverser à gué.

Saluons néanmoins car il le mérite, la victoire de Jean-­Luc Moudenc, y compris, et même, à travers ce petit manque de modestie. Il est vrai qu’être élu avec une majorité absolue représentant…30 % des inscrits environ, ça n’est pas rien. Et comme disait notre regretté humoriste Raymond Devos : « Rien, c’est rien…mais trois fois rien, c’est déjà quelque chose ».

Alors pensez…30 % !

 

Chronique signée par notre chroniqueur de droite « JFV » (alias Gold 31) que vous retrouvez un jeudi sur deux sur Toulouse Infos ou sur son blog : .