Croix Occitane, cour Henry IV, Bibent : immersion dans les vestiges de l’histoire du Capitole

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Le capitole, monument de Toulouse qui abrite l’Hôtel de ville et le Théâtre du Capitole, est l’emblème du pouvoir municipal depuis plus de 8 siècles. Retour sur l’histoire du bâtiment et sur les curiosités historiques de la place du Capitole.

 

L’élaboration du Capitole a été décidée en 1190 par les Capitouls, habitants riches, élus par les différents quartiers de la ville pour former le Conseil Municipal, qui voulaient créer un véritable Palais Municipal. La construction de la bâtisse telle qu’on la perçoit aujourd’hui ne débutera qu’au XVIIème siècle, pour s’achever deux siècles plus tard. Le lieu, appelé aussi « la maison commune » était un ensemble de bâtiments plus imposants qu’aujourd’hui mais modifiés au fil des siècles. Il subsiste l’ancienne tour des archives du XVIème siècle, les galeries de la Cour Henry IV datant du XVIIème et la façade de l’hôtel de ville. En  plein  cœur de la ville, le Capitole regorge d’éléments remarquables, à la vue de tous mais souvent ignorés. A l’intérieur de la cour est édifiée une statue du Roi Henry IV. « C’est la seule qui a  été sculptée de son vivant, avec son autorisation » raconte Meritxell Baldello Sole, de  l’Office  de  Tourisme de Toulouse.  Le  plafond  en  bois,  « artesonado »,  au  dessus,  est  le  signe  d’une  inspiration de l’art Mudéjar espagnol, véritable point de rencontre entre la chrétienté et l’Islam. « La croix à huit pointes était souvent utilisée dans l’art des arabes en Espagne. Quand ceux ci ont été expulsés, ils ont été un millier à arriver dans la région au XVIIème siècle. On peut donc supposer que la création de ce plafond est l’œuvre d’un artiste victime de cette migration » explique la guide touristique.

La découverte du Capitole et de ses curiosités ne s’arrête pas là. La croix occitane, symbole de la région Midi-Pyrénées, vient des Comtes de Toulouse du XIème siècle et peut recouvrir plusieurs formes à l’époque. C’est ce que Moretti, auteur de la croix à 12  branches de la place du Capitole a voulu représenter. « Si on prend le temps de regarder et de se  pencher sur la  croix, on remarque qu’il y a plusieurs petites étoiles, avec des branches pleines, vides…  Ce sont les différentes manières de matérialiser la croix occitane » confie Meritxell Baldello Sole. On retrouve également le café Bibent, qui est le plus vieux de la place et qui conserve son décor du XIXème siècle. « Réservé à l’élite, on venait y boire des boissons exotiques comme le thé ou le café.  C’est aussi le premier à avoir eu la machine à bière » souligne la guide touristique.

 

La Galerie des Arcades : Une épopée toulousaine

Quand on passe sous les arcades, on oublie souvent de lever les yeux et de prendre le temps de  regarder l’œuvre de Moretti qui raconte Toulouse, de la Préhistoire à nos jours. Celui en rouge et  jaune  est  dédié  à  l’Espagne. « C’est un hommage. Après la Guerre civile, 500 000  espagnols passent la frontière et 150 000 s’installent en Midi-Pyrénées. Leur influence a été importante  et  aujourd’hui encore à Toulouse on compte 20000 à 30000 personnes issues de cette fuite » explique la guide. Le dernier tableau, en allant vers la rue du Taur, apporte un éclaircissement sur le choix des couleurs rouge et noir pour identifier la ville. Une  explication  que donne Meritxell Baldello Sole. « On en retrouve l’origine dans la couleur de la robe des Capitouls. Le rouge symbolisait la richesse et le noir la justice. Etre Capitoul, permettait à la fin du mandat d’un an, d’être anobli » termine t­elle.

 

Article de Marine Astor