Les Castalides : « le Tiers Monde » à 5 kilomètres de la place du Capitole

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La résidence les Castalides, 71 rue Aristide Maillol, dans le quartier du Mirail, est le théâtre depuis plusieurs années de conditions de vies inhumaines. Des portes ouvertes étaient organisées hier par leurs habitants pour clamer leur colère. A l’ordre du jour, escaliers vétustes, ascenseurs en panne, souris, cafards, moisissures et déchets en tous genres.

 

Les portes ouvertes organisées hier par les résidents de l’immeuble ont exposé à lumière du jour la situation dans laquelle enfants, familles et jeunes couples vivent leur quotidien. « C’est la cité de la honte » déclare Djorfi Brahim, qui occupe un appartement dans la bâtisse. Larbi Semoussi, vice président de l’association République du cœur, connaît bien la situation puisqu’il vit ici depuis 10 ans. « C’est un véritable bidonville, un massacre, » dénonce t-il, « les gens n’en peuvent plus, certains sont prêts à se suicider ». « Il n’y a pas besoin de sortir de France pour retrouver le Tiers-Monde » s’indigne Larbi, dont les petits enfants ne peuvent plus venir le visiter.

«  Risques d’incendies », « entretien insuffisant » des locaux et les « défauts de chauffage » sont pointés du doigt par l’arrêté préfectoral qui déclare les lieux « insalubres ». Pour Ahmed Benziadi et sa femme, enceinte de 7 mois, qui élèvent leurs cinq enfants dans un 15 mètres carré, la situation est critique. « Mes enfants perdent leur cheveux à cause des conditions d’hygiène dans lesquelles on vit » confie la mère, dont deux de ses fils sont atteints de la pelade. Malgré une lettre de la préfecture du mois d’avril, reconnaissant leur situation « prioritaire », et « l’urgence » de leur trouver un nouveau logement, la famille attend toujours d’être relogée. Dans le studio d’à côté, un bébé d’un mois dort dans la chambre des parents, la fenêtre donnant sur la cour, véritable déchetterie à ciel ouvert, d’où une odeur nauséabonde se dégage. Hocine Mossaoui, Président de l’association République du cœur dénonce l’inaction des pouvoirs politiques. « Si les choses ne changent pas, on organisera un sitting sur la place du Capitole, les handicapés, les chefs de familles viendront manifester » prévient-il écœuré.

 

Les Castalides, future résidence étudiante

Depuis 2008 la ville se charge de racheter les appartements à la vente, afin de réhabiliter tous les logements et les transformer en résidence étudiante. Sur les 399 studios, 59 seulement appartiennent encore à des propriétaires privés, souvent des marchands de sommeil. « Rien ne peut être lancé tant qu’on a pas tous les logements » explique Marie Adeline Etienne, attaché de presse de la municipalité. Le 28 Août, les lieux devront être libérés, la préfecture étant chargée de reloger les résidents réguliers le temps des travaux. En attendant, le combat continue pour les habitants. « Je ne les laisserais pas tomber » confie Larbie Semoussi, qui a alerté les médias, « il y a des gens bien ici ».

 

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Article de Marine Astor