Terre-Cabade : une petite révolution qui en annonçait une grande

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De l’autre côté du canal du Midi, au Nord-Est de la ville, présence discrète dont on évoque l’existence que lorsque survient la fin de la vie, la nécropole Terre-Cabade surplombe Toulouse de toute sa majesté.

 

 

Édifiée pour le repos de l’âme des petits et des grands au XIXème siècle, elle est le résultat d’une volonté commune pour lutter contre des problèmes sanitaires, un accroissement démographique, et l’envie politique de donner à la ville, un monument d’architecture rivalisant avec les autres grandes villes.

 

Des cimetières-charniers aux emplacements réservés

Avant la réforme de mai 1776, les inhumations se déroulaient dans les églises pour les notables, et autour des édifices religieux ou ailleurs pour le reste de la population. Depuis cette date, et jusqu’au début du XIXe siècle, la ville de Toulouse comptait pas moins d’une dizaine de cimetières, alors que dans le même temps, Bordeaux, Lille, Paris et Lyon avaient déjà leur grand cimetière municipal. Souffrant de ce déficit en termes d’infrastructures, et pour éviter les nuisances olfactives dues à la proximité des tombes des habitations, un projet de grand cimetière fut lancé, entreprise que mena avec ambition, l’architecte toulousain et urbaniste Urbain Vitry. Les morts ainsi bien considérés, les vivants allaient plus tard, aspirer eux aussi à des conditions nouvelles de vie. Officiellement mis en service en 1840, le nouveau cimetière voit son premier locataire élire domicile le 16 juillet de la même année ; la stèle Savanac, usée par le temps, adossée contre un arbre, est encore présente comme la mémoire de ce premier témoin.

 

Un joyau architectural pour la ville

Après des aménagements et quelques agrandissements, le projet de nécropole prend forme en 1849. Elle sera agrandie à nouveau en 1870 et au début du XXe siècle. Elle se divise aujourd’hui en 9 sections, réparties sur un espace de 34 hectares dont quelques hectares forment le cimetière de Salonique. Le tout traversé par une route, le « chemin de Caillibens ».

 

Mémoire de la ville, y sont inhumés, des personnages illustres comme Léon Lajaunie, l’inventeur des pastilles bonbons Cachou, ou encore Hélène Soutade dite « Sainte-Héléna », une sainte populaire dont la tombe est étrangement fleurie, sans compter les nombreuses plaques qui expriment des remerciements. En plus des tombes, nombreuses statues, divers édifices en briques et autres arbres nécrophages, des enclos réservés sont dédiés à des communautés militaires, civiles ou religieuses. Ce Père-Lachaise toulousain est parsemé de mausolées dont les sculptures et ornements font le raffinement des sépultures. De part et d’autre des allées sinueuses, l’architecture néoclassique et romantique des lieux se laisse découvrir, avec en accompagnement les piaillements incessants des moineaux, tourterelles et autres volatiles.

 

Ce lieu de prestige qui ne demande qu’à être visité, offre aux Toulousains et aux visiteurs de passage, un environnement privilégié, dans lequel ils peuvent prendre le temps de flâner, s’émerveiller de la présence de ceux qui ont fait le passé de cette ville, et méditer loin du tumulte bruyant de la vie à proximité.

Bruno SAME