AZF : la contre-expertise de la revue Préventique est-elle destinée à couvrir Total ?

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Le dernier numéro de la revue Préventique Sécurité expose un nouveau scénario pour expliquer l’explosion de l’usine en septembre 2001. Selon ce dernier, une suite d’évènements survenus dans le site voisin de la SNPE serait à l’origine du drame. Une théorie qui émerge à quelques jours de la commémoration du 11ème anniversaire de la catastrophe, prévue vendredi sur les lieux du drame. Stella Bisseuil, avocate de l’association « Familles endeuillées », a présenté une plainte contre X pour « diffusion de fausses nouvelles ». Entretien.

 

« Toulouse Infos: Tout d’abord, pourquoi avoir présenté une plainte « contre X » et non à l’encontre de la revue Préventique ?

Stella Bisseuil: La propagation de fausses nouvelles certes constitue un délit de presse, mais elle n’est pas aussi légiférée que la diffamation. Légalement, les victimes ne sont pas considérées comme telles, elles ne sont pas dépositaires de la plainte. C’est une infraction qui ne peut-être poursuivie par des parties civiles. Ce délit relève de la seule appréciation du procureur de la République, et les éventuelles suites de son initiative. A l’origine de l’article se trouvent les rédacteurs principaux que sont messieurs Jacob et Seillan. Il se peut qu’il y ait une chaîne de responsabilité. Mais à l’heure actuelle, il est impossible de se prononcer.

 

T.I: Vous avez évoqué de « fausses informations ». Pourriez-vous développer ?

S.B: Tout est absolument faux dans cette étude. A commencer par son caractère soi-disant « nouveau ». Les éléments développés avaient déjà été transmis à la justice l’an dernier. Un membre de l’équipe d’experts mentionné dans l’article avait lui-même présentée officiellement ces analyses. Elles avaient été envoyées au procureur de la Cour d’Appel en 2011. Ensuite, les détails techniques ne tiennent pas. La fuite de carburant dans le site de SNPE n’a jamais été avérée. Immédiatement après l’explosion, ce dernier avait été inspecté et les employés entendus. Je connais le dossier par coeur et je peux assurer que chaque témoin a été interrogé. Le plus absurde, ce sont ces soi-disantes deux bombes datant de la seconde guerre mondiale enfouies sous le site. Tout a été ratissé et personne n’a jamais retrouvé le moindre débris. L’article indique qu’elles dataient de 1944, alors que le hangar a été construit en 1943. Tout cela est totalement aberrant.

 

T.I: Que peut-on penser de cet article ?

S.B: Pas un élément n’est fondé dans ce qui n’est qu’ une succession de faits. C’est de la pure imagination de A à Z, basée sur un effet de domino absurde. Comment peut-on se prétendre scientifique en écrivant ça? On ne peut pas affirmer n’importe quoi, il y a des rêgles déontologiques qui existent. C’est même dangereux, car cela peut créer des rancunes et des suspicions. Je ne sais pas qui est derrière ni dans quel intérêt cela a été fait. Cependant, nous avons appris par l’intermédiaire des journaux Libération et La Dépêche du Midi que Préventique avait passé un gros contrat de formation avec Total. Cette information était donnée sur le site même de Préventique. Immédiatement, elle a été enlevée de la page.

 

T.I: Comment sentez-vous les choses à l’approche du délibéré, qui sera rendu le 24 septembre prochain ?

S.B: Nous sommes anxieux. Cette affaire donnera surement lieu à des suites, des pourvois en cassation ou des recours devant la Cour Européenne. Mais techniquement, en terme de dossier, c’est terminé. C’est la fin d’un cycle. Celle d’un combat de onze années. »

 

Propos recueillis par Christophe Guerra