Nucléaire: les politiques toulousains s’expriment après l’alerte de Fessenheim

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Mercredi dernier, un dégagement de vapeurs d’eau à la centrale de Fessenheim, conjoint au silence des autorités officielles, ont suffit à provoquer l’emballement médiatique. Très vite, l’incident a remis le débat sur le nucléaire en selle. L’occasion pour Toulouse Infos de prendre la température auprès des politiques locaux. Jean-Luc Moudenc, président d’UMP 31 et Régis Godec, président du groupe Vert à la mairie de Toulouse, apportent leur point de vue sur la question.

 

Toulouse Infos : L’incident survenu à Fessenheim rend t-il urgent la fermeture de la centrale ?

Jean-Luc Moudenc: Non. Ce qui s’est passé mercredi dernier à Fessenheim montre que le processus de sécurité a fonctionné malgré l’ancienneté de cette centrale, dont la rénovation est toutefois nécessaire. Le Gouvernement serait bien inspiré d’en finir avec ses atermoiements sur l’avenir de cette centrale.

Régis Godec: Oui. C’est tout de même le 23ème incident depuis le mois de mars. Il est directement lié au vieillissement accru de la centrale. Au lieu de rafistoler les équipements, nous devons clôturer le site.

 

TI : François Hollande avait annoncé vouloir réduire la part du nucléaire en France pour la ramener à 50% d’ici 2025. A ce titre, l’accord passé avec les écologistes stipulait la fermeture de 24 réacteurs. Cette promesse est-elle tenable ?

J-L.M: Cet objectif de réduction me parait intenable dans un tel délai et de telles proportions. De plus, cela se traduirait par un renchérissement considérable du coût de l’énergie, insupportable pour le pouvoir d’achat des Français et de nature à altérer davantage la compétitivité déjà fragile de nos entreprises. Aujourd’hui, grâce au nucléaire, nous payons notre électricité 40 pour cent moins cher. Chez François Hollande, fermer des centrales relève d’une position politique, voire politicienne. Chez les Verts, c’est de la pure idéologie, hors de tout réalisme économique et social. Cette question promet des tensions et divisions supplémentaires au sein du Gouvernement et de sa Majorité dès lors que ce dossier sera ouvert.

R.G: Les scénarios démontrent qu’il peut tenir cette promesse. Il est d’ailleurs obligé de le faire car beaucoup de centrales sont en fin de vie. François Hollande a un choix historique à faire, celui de la transition énergétique. Sa principale préoccupation n’est pas le respect de cet accord, mais de mettre en place une vraie stratégie industrielle. Nous devons revenir à l’équilibre économique car notre balance commerciale est très déficitaire. Investir sur des énergies renouvelables comme les éoliennes ou les panneaux photovoltaïques permettrait à la France d’être moins dépendantes du gaz et du pétrole. Prenez l’isolation des bâtiments. Elle implique des matériaux, des emplois et des économies pour les ménages. Cela s’inscrirait dans une véritable politique de relance économique.

 

TI : L’activité nucléaire est-elle une réelle menace sur le plan écologique ?

J-L.M: Oui si elle n’est pas correctement maîtrisée comme on l’a vu il y a peu avec le drame japonais. Notre pays, la France, peut être fier d’être celui qui a le niveau de maîtrise et d’excellence le meilleur du monde en cette matière. D’où la nécessité d’améliorer sans cesse les procédures de sécurité et de rester vigilant.

R.G: C’est une menace majeure. Nous avons de grosses difficultés à contenir tous les risques, notamment celui des microfissures dont le problème est minimisé en France. Il y a entre autres la problématique du stockage des déchets ou encore de l’approvisionnement, car des convois extrêmement dangereux transitent.

 

Propos recueillis par Christophe Guerra