La Pyrénéenne : vers un redressement judiciaire dans « l’indifférence générale » ?

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En attente du verdict du Tribunal de Commerce de Toulouse à 11h, les salariés de l’entreprise « La Pyrénéenne » ont tenté une dernière fois hier de débloquer leur situation. Une tentative qui semble se heurter à l’indifférence locale et nationale.

 

Lundi 16 juillet au matin, les salariés de l’entreprise de BTP « La Pyrénéenne » se sont rassemblés devant la gare Matabiau. La société réclame à la SNCF et Réseau Ferré de France le versement de 11 millions d’euros d’impayés. Sous le coût d’une procédure de redressement judiciaire depuis 9 mois, cette « réunion pacifique » précède le verdict du Tribunal de Commerce ce matin à 11h.

« Depuis le 28 juin, nos salariés sont au chômage technique et perdent 40% de leur salaire chaque mois. Maintenant la situation est telle qu’ ils sont prêts à s’enchainer sur les voies. Il y a d’autres entreprises en difficulté mais notre cas est simple » confie Marie-Josée Zago, propriétaire et dirigeante avec son mari et ses filles de la PME toulousaine.

Ainsi, depuis le 20 octobre 2011, l’entreprise familiale de 80 salariés se bat contre la procédure « injuste » de redressement judiciaire dont elle fait l’objet et qui l’empêche de prospecter pour de nouveaux contrats. En cause, un trou de 11 millions d’euros dans ses caisses…

Carlos, délégué du personnel résume. « A la base nous sommes une société pérenne. Il y a un an, nous avons remporté un chantier de dédoublement de voies entre la gare Matabiau et celle de Saint-Sulpice (Tarn). Un chantier que l’on nous a pressé de finir et que nous avons livré à temps malgré des difficultés non prévues au départ. Ces difficultés ont cependant généré des surcoûts, 11 millions d’euros au total, et depuis plus personne ne veut mettre la main à la poche! ».

 

« On est pas PSA, on est une PME régionale, on représente si peu »

Le chantier, qui aurait été « très mal conçu par la SNCF » impliquerait également la région « qui a mis les fonds » et donc à un plus haut niveau l’état, accroissant le désarroi et l’incompréhension ambiante. L’entreprise souligne enfin un « mutisme » et une « passivité locale » plus que décourageants. « On attend du gouvernement au moins la moité de la somme due et j’ose espérer qu’il entend notre désarroi. Mais on est pas PSA, on est une PME régionale, on représente si peu… » conclut Marie-Josée Zago.

En fin d’après-midi, la dirigeante et ses salariés se sont « imposés » à la Préfecture de Toulouse. Ils ont été reçus une heure par Robert Castagnac, commissaire du Redressement productif Midi-Pyrénées, en charge du dossier.

Cependant, au sortir de la réunion Céline Zago, abattue, confiait qu’« ils ne savent rien, toujours rien. D’Arnaud Montebourg au Premier Ministre Jean-Marc Ayrault, tous ont été prévenus. Transmettre le dossier c’est une chose mais le traiter c’en est une autre. Nous sommes insignifiants et je ne vois pas ce qui pourrait changer demain. Les salariés sont énervés, à bout de nerfs, s’il y a des débordements au tribunal se sera de leur faute » conclut-elle.

 

Céline Roudière

 

Actualisation : Le Tribunal de Commerce de Toulouse a mis sa décision en délibéré au 26 juillet prochain mais l’issue ne fait plus guère de doute : La Pyrénéenne sera liquidée.