Pas de veine pour les homosexuels

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Si la communauté homosexuelle est exclue du don du sang, de plaquettes et de moelle en France, les homodonneurs ne sont pas de cet avis.

L’opération « Mon Sang pour les autres » organisée par l’Etablissement Français du Sang (EFS) et le Rotary-Club a battu son plein pendant une semaine dans la ville rose, place du Capitole.

L’événement n’a pas manqué d’invoquer l’urgence dans laquelle se trouve la France, avec 6% supplémentaires de besoin en sang cette année, mais aussi de s’engager financièrement pour la solidarité avec Haïti. Pourtant aujourd’hui, malgré les 3.000 donneurs mobilisés, les besoins en sang dans la région sont toujours au plus bas.

Les groupes O+ et O- font cruellement défaut, et sont toujours appelés au don de sang, sauf s’ils sont homosexuels, au masculin seulement.

Cette loi s’applique depuis l’affaire du sang contaminé : le scandale politique des années 1980 a eu raison des donneurs potentiellement touchés par le Sida : les homosexuels, les couples libres, les drogués, ou toute personne dite « à risque » ne peut donner son sang. Malgré un test du VIH fiable à plus de 99%, le principe de précaution prime sur le besoin sanitaire.

Voilà pourtant quelques années que les donneurs homosexuels et responsables souhaitent eux aussi, pouvoir sauver des vies. Basé sur le principe du bénévolat, le don du sang ou de plaquettes suppose une conscience solidaire de la part du donneur.

Revu tous les ans par des experts et l’Institut de Veille Sanitaire, la mesure d’exclusion des homosexuels, vue comme une discrimination par la communauté gay est revue chaque année selon des données épidémiologiques.

L’année dernière encore, le chiffre annoncé a fait office de sanction, bien qu’il soit difficile de couvrir statistiquement l’ensemble d’une population qui fluctue : avec cent fois plus de risques de contaminer les receveurs, les homos ont encore été exclus de l’EFS.

En janvier 2009, la Ministre de la Santé Roselyne Bachelot n’a pas tenu sa promesse formulée en 2007 d’ouvrir le don du sang aux homosexuels mâles.

L’association de lutte contre le Sida Act’up avait condamné une mesure qui « entretient la fiction discriminatoire, et dans ce cas d’espèce homophobe, selon laquelle il y aurait des groupes à risques; or il n’y a que des pratiques à risques ».

A Montauban, Frédéric Percheman a créé le réseau « Homodonneur » pour tenter d’alerter sur la situation. Ecarté du don de moelle pour avoir changé d’orientation sexuelle, il a entamé au 1er janvier 2010 sa deuxième grève de la faim devant l’EFS, pour que la France accepte que les homos puissent eux aussi sauver des vies, comme en Italie, en Espagne, ou au Portugal.

Le 14 novembre 2009, le député-maire de Toulouse Pierre Cohen s’était prononcé pour l’appel de Montpellier, en faveur du mariage gay.

La Ville Rose se verra-t-elle relayer l’appel lancé par les homodonneurs, pour arborer le drapeau gay multicolore?Pour l’instant, le combat pour une meilleure reconnaissance de la communauté homosexuelle semble loin d’être terminé.


invité du jour Frédéric Pecharman par ToulouseInfos

Anaïs Wahl