Les homosexuels réclament le droit à donner leur sang

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Les homosexuels ne peuvent pas donner leur sang. Photo / CTI16 personnes se sont rassemblées samedi devant la Maison du Don pour protester contre l’exclusion des homosexuels de la sélection des donneurs. Le collectif toulousain « Homodonneur » souhaite être entendu par l’Etablissement Français du Sang qui campe jusqu’à présent sur ses positions.


Les homosexuels toulousains unis dans le collectif Homodonneur ont souhaité faire connaître leur situation au public. Samedi matin, sur les allées Jean-Jaurès ils ont voulu marquer le coup de manière démonstrative en présentant leurs bras enserrés d’un garrot devant la Maison du Don. Le but? Réclamer leur droit à donner leur sang comme toute personne non malade. Frédéric Pecharman, l’organisateur de l’action estime que « les experts se trompent. Sans faire aucun procès en homophobie contre qui que ce soit, il faut dire que nous sommes discriminés parce qu’une partie des homosexuels ont des comportements à risque et sont contaminés. Nous dénonçons un excès de zèle de la part de l’EFS après l’affaire du sang contaminé ».

 

Frédéric Pecharman reste cependant lucide: « Nous savons que nous sommes une population qui a 200 fois plus de risques de nous faire contaminer, mais nous ne demandons rien d’autre que de suivre le circuit de surveillance normal. Pour mon cas personnel, cela fait un an que je suis avec mon compagnon, et nous n’avons aucun comportement dangereux ni l’un, ni l’autre. A partir de là, nous ne sommes pas différents d’un couple hétérosexuel. » Le docteur François Destruel tient à expliquer la position de l’ESF: «  Ce n’est pas de la discrimination. La Halde ( ndlr: Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité) elle-même a statué sur le fait que le Don n’est pas un droit, mais un devoir. Et nous ne pouvons nous permettre de prendre un risque 200 fois plus important en prélevant le sang des hommes homosexuels ».

 

Le directeur d’ESF Pyrénées-Méditerranée fait confiance aux chiffres. C’est pourquoi il explique que les femmes ne sont pas concernées par cette décision. Les experts n’ont, pour elles, pas décelé de danger plus importants. Le médecin rappelle les conditions du don: « Chacun des donneurs doit certifier sur l’honneur ne pas avoir de pratiques à risque avant toute transfusion. En plus de cela, les poches sont systématiquement analysées. Le problème si on acceptait le sang des homosexuels, c’est que de trop nombreuses poches pourraient être inutilisables et malheureusement passer entre les mailles du filet. » Il suffirait en effet d’une seule poche de sang pour contaminer plusieurs personnes saines. « Dans un monde parfait, chaque personne serait franche, honnête et n’aurait pas d’autres relations qu’avec son partenaire. Les chiffres prouvent que les homosexuels ont tout simplement un mode de vie bien moins fiable. », poursuit François Destruel. Avant de conclure: « Nous espérons tous que les études nous annoncent une diminution des risques face à la maladie. Et alors, nous nous réjouirons de recueillir leur sang, dont nous manquons cruellement. »

 

Propos recueillis par Walid Hamadi.