Le mea culpa des économistes aujourd’hui à Toulouse

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Image d’Illustration. Photo / Crédit G.Fontagné-UT1Faut-il croire les économistes et leurs prévisions? C’est une des questions posées aujourd’hui aux divers responsables, chercheurs ou acteurs de l’actualité économique aujourd’hui à l’université Toulouse-1.

 

L’économie, une vaste question, surtout en cas de crise mondiale. Ce débat passionant mais complexe tente de réfléchir au rôle des uns et des autres et est animé par Mediapart, Alternatives économiques et LeMonde. Gabriel Colletis, professeur de sciences économiques à l’université Toulouse-1, organisateur de cette journée « Les économistes dans la Cité ».

Toulouse Infos : Dans quel but a été organisée cette journée de débats sur l’économie et à qui s’adresse-t-elle?

Gabriel Colletis : Le reproche a été fait aux économistes de ne pas s’intéresser aux aspects réels de l’économie et d’évoluer dans un univers abstrait. Beaucoup n’ont pas vu arriver la crise malgré la somme de connaissances entre leurs mains, pourquoi? Cette question s’adresse à plusieurs acteurs et pas seulement aux spécialistes. Monsieur Pierre Cohen qui ouvre cette journée n’est pas là par hasard : il est en effet le premier représentant de la Cité. Le président du Medef Midi-Pyrénées, Daniel Thébault, y participe également, ainsi que plusieurs personnes de terrain et acteurs publics, des gens qui utilisent les analyses des économistes.

T.I. : Questionner la responsabilité des économistes par-rapport à la crise financière, c’est une remise en question importante?

G.C. : En effet, un des messages que nous pouvons d’ores et déjà concerne leur responsabilité dans les prédictions et prévisions en économie. Si on y trouve autant d’erreurs et de défauts, c’est parce que d’une part les économistes portent des œillères, ils possèdent un système de représentation figé et fermé et ne perçoivent pas certains signaux. D’autre part, dans le monde d’aujourd’hui, la parole est toujours donnée aux mêmes économistes, alors que d’autres qui se trouvent hors de la représentation dominante du monde ont un point de vue pertinent. Ceux-là qui avaient annoncé la crise parlent aujourd’hui de crise du travail avec la non-reconnaissance des compétences des employés.

T.I. : Aujourd’hui, cette table ronde est-elle une manière de tirer une sonnette d’alarme?

G.C. : Nous invitons les économistes à faire un effort de réflexivité. Réfléchir plus aux catégories qu’ils manipulent, faire un effort de pratique, sortir du catéchisme pour entrer dans le réel au lieu de se réfugier vers des modèles formels. Ces conseils d’ordre général sont adressés aujourd’hui à la profession.

T.I. : Quelle stratégie économique est mise en œuvre à Toulouse et dans la région?

G.C. : Un véritable effort de coordination et de concertation des acteurs publics est réalisé. L’Observatoire des Mutations Economiques travaille notamment en lien avec le Conseil Régional Midi-Pyrénées, les acteurs industriels participent réellement, ils ont ainsi réalisé un rapport dont 6 des 14 préconisations qu’ils adressaient à la Région ont été immédiatement appliquées. Ce type de coordination s’étend de plus en plus aux laboratoires de recherche.

Ces démarches sont souvent le signe des régions qui gagnent, et c’est un point très positif.

Propos recueillis par Anaïs Wahl