Aller au théâtre et en avoir pour son argent

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Image d’Illustration. Photo / CTDRLe Théâtre National de Toulouse capte l’air du temps, avec pour cette saison, le thème de l’argent passé au scanner. La création de Laurent Pelly, « Mille francs de récompense » remet Victor Hugo au goût du jour.

 

S’adresser à tous grâce à des thématiques qui nous concernent, voilà l’ambition du grand théâtre de Toulouse, le TNT.

Son directeur, Laurent Pelly, a choisi de mettre en scène l’argent, une question pour le moins préoccupante en temps de crise.

Avec Scanner, mis en scène par David Ayala, la société du spectacle de Guy Debord est d’abord venu interpeller amèrement le spectateur sur sa manière de consommer la culture et sa représentation. A l’heure d’Avatar et de l’appareil photo numérique, on peut dire que le sujet reste pour le moins brûlant, 40 ans après l’écriture de ce texte.

Moins théorique, la Cinémathèque de Toulouse a présenté certains films cultes, où le règne des petites coupures est porté sur grand écran : l’occasion de réviser ses classiques, notamment avec Casino de Martin Scorcese.

Ainsi introduit, le spectateur ne peut qu’être poussé à la curiosité, même les poches vides et l’esprit plein de soucis pécuniaires. La pièce de Victor Hugo, Mille francs de récompense n’est pas la plus connue, et pourtant pose les engagements de l’auteur : le théâtre peut se faire populaire et dénoncer une société régie par les finances, manipulées par ses grands bourgeois, les plus honnêtes aux griffes de la justice. La mise en scène de Laurent Pelly sait faire resurgir l’actualité du propos écrit en 1866, au moyen d’une mise en espace moderne et dynamique, notamment grâce aux grands traits de décor : les arrêtes de la demeure servent d’architecture, les portes, fenêtres et coffres rouges sont les symboles de la propriété. Les comédiens  emmenent le public dans une langue envolée, grâce au cynisme de ce mélodrame, entre le rire et les larmes.

Pour les plus jeunes, ils peuvent aller voir la Famille de l’uruguayen Carlos Liscano, dans un pays où l’on achète des enfants pour remplacer un frigo. Une plongée dans un univers loufoque, avec des parents qui font du commerce des sentiments.

Au mois de janvier, les regards du TNT se seront portés sur le mois des étrennes, et nos rapports à l’argent. On peut donc acheter du divertissement, la réflexion en prime.

Anaïs Wahl