Pénurie de logements étudiants à Toulouse : quelle solution ?

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Pénurie de logements étudiants à Toulouse : quelle solution ?
Pénurie de logements étudiants à Toulouse : quelle solution ?

La ville de Toulouse est considérée comme la deuxième ville universitaire de France derrière la capitale. Avec plus de 100.000 étudiants annuels, la ville rose voit ses universités, ses écoles d’ingénieurs et ses grandes écoles faire salle comble. Si cette vie universitaire contribue au prestige et à la renommée de Toulouse, l’arrivée massive d’étudiants pose chaque année la question de la pénurie de logements étudiants.

 

Comment s’opèrent les migrations résidentielles des étudiants vers Toulouse ? Quelles offres leurs sont faites dans le parc locatif public ? Quelles solutions s’offrent aux étudiants qui ne trouvent pas de logements sur le marché public de la location étudiante ? Comment expliquer les faiblesses du marché locatif étudiant alors que la promotion immobilière est à son apogée en région toulousaine ?

 

Toulouse, ville attractive pour les étudiants :
Le bilan 2016 publié par l’Académie de Toulouse nous informe que ce sont 130.177 étudiants qui réalisaient leurs études au sein de l’Académie de Toulouse au cours de l’année universitaire 2014-2015.

Une récente enquête de l’Insee intitulé “Migrations résidentielles des étudiants” soulignait le fait que le réseau Toulouse-Bordeaux est le réseau le plus séduisant pour les étudiants en Occitanie. Une tendance qui est soutenue par les affirmations de la responsable de la communication du CROUS (Hélène Franc) : “l’Académie de Toulouse est très attractive pour les étudiants des académies de Bordeaux et de Montpellier”.

D’ailleurs, dans un document intitulé “Projection des effectifs de l’enseignement supérieur”, la Direction de la prospective et de la performance de du Rectorat établit des prévisions en termes d’augmentation du nombre d’étudiants au sein de l’Académie de Toulouse. Ainsi, entre 2012 et 2020, il est estimé que 15.500 étudiants rejoindront l’Académie. Cela représente 1.937,5 étudiants de plus chaque année dont la plupart seront inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur à Toulouse.

Une autre source abonde dans ce sens qui démontre que le nombre d’étudiants à Toulouse a augmenté de 3.4% entre les rentrées scolaires 2013 et 2014 (note d’information du 15 août du ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche).

Des élèves arrivent à Toulouse, très peu en partent
En 2015, ce sont 7.310 lycéens qui cherchaient à entrer dans l’Académie de Toulouse pour leurs études supérieures en premier vœu (sans nécessairement y parvenir), alors qu’ils étaient scolarisés dans une autre zone au lycée.

Parmi ces lycéens désireux de s’installer dans le Sud-Ouest, ceux qui parviennent effectivement à s’inscrire dans l’Académie de Toulouse doivent faire face à l’épineuse question du logement.

D’autant plus que l’Académie de Toulouse fait partie de celle où les élèves ont le plus envie de rester (83% de candidatures stables). Il ne faut donc pas compter sur le départ d’autres élèves pour trouver un logement.

Toulouse est également la ville la plus plébiscitée par les élèves d’outre-mer (910 demandes d’entrées dans l’Académie de Toulouse en 2015, juste derrière Paris avec 1.050 demandes) et séduit toujours plus d’étudiants français en provenance de l’étranger. En 2015, ce sont 960 lycéens scolarisés dans un lycée international ou français qui ont choisi Toulouse en premier vœu d’affectation. Ces lycéens français scolarisés à l’étranger représentent 12% des candidatures entrantes de l’Académie de Toulouse contre 7% au niveau national.

 

L’offre dans le parc locatif public à Toulouse :
À la rentrée 2016, le Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires Toulouse-Occitanie (CROUS) géraient 36 résidences étudiantes à Toulouse, parmi lesquelles : l’Arsenal, Chapou, Parc Bellevue ou encore les Jardins de l’Université.

Depuis 1955, le CROUS s’emploie à offrir un accès à un logement abordable à des étudiants qui sont inscrits en formation initiale dans un établissement agréé sécurité sociale étudiante. Durant l’année universitaire 2016-2017, plusieurs projets immobiliers de type CROUS ont été réalisés à Toulouse. C’est le cas de la déconstruction de la résidence Olympe de Gouges dont l’îlot Nord est le premier reconstruit (327 logements pour 357 places). La résidence Daniel Faucher, située sur l’île du Ramier a quant à elle était rénovée et agrandie (249 logements pour 312 couchages) selon le schéma directeur établi dans le cadre du contrat de projet État-Région 2015-2020.

Un parc locatif rare et prisé
L’offre de logements en résidences universitaires est une priorité du gouvernement. Le “plan 40.000”, initié par le gouvernement Hollande, prévoyait la construction de 40.000 logements étudiants en cinq ans sur tout le territoire français. L’Académie de Toulouse a pu bénéficier de ce plan qui donne la priorité aux zones urbaines où le déséquilibre entre offre et demande en matière de logement est le plus marqué. Toutefois, malgré sa forte volonté de construire, la mobilisation du foncier public reste un enjeu de taille pour le CROUS. C’est pourquoi l’organisme s’attèle à rénover plus qu’il ne construit.

Pour l’année universitaire 2016-2017, 669 couchages neufs sont venus renforcer l’offre du CROUS Toulouse-Occitanie pour la ville de Toulouse (357 à Olympe de Gouges et 312 à Daniel Faucher, sans compter les 176 studettes réalisées à Tarbes). Toutefois, bien que parfois assorties d’extensions de bâtiments, ces logements restent des réhabilitations (logements qui existaient déjà et se voient rénover).

Par ailleurs, il est important de souligner le fait que tous les étudiants ne rentrent pas dans les critères qui permettent d’accéder à un logement de type CROUS. En effet, le CROUS applique une politique de démocratisation de l’accès au logement. Ainsi, la faveur est donnée aux étudiants dont la famille dispose de faibles ressources. Or, le nombre de boursiers sur critères sociaux (36.632 en 2015-2016) a augmenté de 2.92% depuis la rentrée 2014-2015 Ainsi, parmi les étudiants qui répondent aux critères sociaux, seule une partie pourra se voir attribuer un logement via le CROUS. Enfin, les logements CROUS sont réservés aux étudiants âgés de moins de 28 ans.

 

Les solutions alternatives aux logements CROUS :
Contrairement aux logements publics, les résidences privées spécialisées dans le logement étudiant ne sont pas réservées aux boursiers de l’enseignement supérieur.

Les chambres privées et la colocation
D’autres arguments viennent plaider en faveur du parc locatif privé. Les loyers moyens ne dépassent pas nécessairement ceux des logements étudiants publics. En effet, pour une chambre indépendante ou chez l’habitant, un étudiant devra débourser en moyenne 352€ mensuels charges comprises. Pour un montant approchant, l’élève pourra profiter d’une chambre en colocation (360€ charges comprises en moyenne) et de tous les avantages que ce mode d’habitation offre en termes d’espace à vivre et de convivialité (étude LocService 2016).

Les logements privés labellisés par le CROUS
Le CROUS a ouvert une centrale de logement “Lokaviz” qui propose aux étudiants une sélection de logements en provenance de bailleurs privés. Le label national Lokaviz assure les jeunes que les logements étudiants proposés sur la centrale répondent à leurs besoins et aux bonnes pratiques en matière de relations bailleur-locataire. Pour ce faire, le Crous Toulouse-Occitanie emploie des étudiants qui se rendent chez les particuliers pour s’assurer de l’adéquation entre l’annonce et la réalité du logement.

Les logements privés connectés à prix réduit
Parfois, la plus-value des résidences étudiantes se trouve dans les services additionnels proposés.
Pour exemple, le programme neuf toulousain Newton qui se situe à Borderouge, proche du métro. Ce complexe immobilier totalement connecté met à disposition des étudiants, des applications mobiles écoresponsables pour :
• concentrer la gestion de leurs équipements (chauffage, eau, électricité, volets roulants etc),
• réaliser le suivi de leur consommation en temps réel (électricité, eau chaude, chauffage) afin d’estimer le montant de leurs factures,
• programmer leurs consommations heure par heure et jour par jour (fermeture des volets et extinction des radiateurs à heures régulières),
• prévoir des scénarios de consommation (avec le scénario “départ”, la température de l’appartement baisse automatiquement à la valeur définie, les volets descendent, l’éclairage s’éteint),
• trouver facilement les bornes disponibles de recharge des véhicules électriques et de créditer leur compte personnel grâce à leur mobile ou leur tablette.

Dans cette résidence écologique, l’ascenseur fonctionne à l’énergie solaire, l’électricité provient de panneaux photovoltaïques, les boîtes aux lettres sont intelligentes (réception d’un SMS à l’arrivée d’un colis) et la laverie, connectée.

À l’entrée de la résidence, un tableau numérique permet d’être informé en temps réel du passage des transports en commun à proximité ainsi que la météo et des bons plans de la ville.

Il faudra compter en moyenne 278,53€ de loyer pour un studio de 20,4m² (surface habitable), avec un balcon de 5,3m². La résidence proposera 166 logements d’ici la fin de la l’année 2017.

Ainsi, en dehors des résidences gérées par le CROUS Toulouse-Occitanie, plusieurs alternatives se présentent aux étudiants. Le Groupe IMMO9 propose ainsi une vaste base de données des appartements neufs à Toulouse. L’attrait de ces logements étudiants privés réside dans leur loyer, leur emplacement (plus grande proximité avec le centre-ville et les transports en commun que certains logements CROUS) et à de rares exceptions, dans les services novateurs qui y sont proposés.

Enfin, pour tous ces logements alternatifs aux résidences gérées par le CROUS, une demande d’aide au logement (APL) pourra être réalisée par les étudiants auprès de la CAF.

 

 

 

 

La rédaction