Le plus petit pacemaker au monde est implanté à Toulouse

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4 cardiologues implantent ce dispositif (De gauche à droite) : Dr S. Combes, Clinique Pasteur Dr P. Mondoly, CHU Toulouse Dr S. Boveda, Clinique Pasteur Absent de la photo : Dr A. Duparc, CHU Toulouse
Dr S. Combes, Clinique Pasteur Dr P. Mondoly, CHU Toulouse Dr S. Boveda, Clinique Pasteur Absent de la photo : Dr A. Duparc, CHU Toulouse

Depuis quelques jours, le cercle médical toulousain est en effervescence, depuis l’annonce de l’implantation réussie du plus petit stimulateur cardiaque au monde : un pacemaker révolutionnaire, débarrassé de sa sonde, entièrement autonome, d’une dimension de 26 millimètres de longueur et 6,7 millimètres de largeur pour un poids de 2 grammes.

 

L’histoire de la stimulation cardiaque loin d’être récente, commence en réalité dès la fin du XVIIIème siècle. Dès cette période, Luigi Galvani, un philosophe et médecin italien, fit l’hypothèse de l’existence d’une « électricité animale » produite par le cerveau, qui aurait la capacité de se décharger sur les nerfs, les muscles et le cœur. Ces décharges électriques provoqueraient ainsi des contractions sur ces différentes parties connectées.

 

Au milieu du XIXème siècle, le fondateur de la neurologie, Guillaume Duchenne de Boulogne, utilisera l’électricité comme base d’expérimentation physiologique. Le résultat de ses travaux le conduira à prouver, par l’expérience, qu’un vrai sourire de bonheur est formé par les muscles buccaux et les muscles oculaires. D’où l’appellation de « sourire de Duchenne », attribuée à un tel sourire.

 

Après ces découvertes capitales dans notre connaissance du fonctionnement du corps humain, le XXème siècle a vu arriver, en 1958, l’implantation chez un patient humain du premier stimulateur cardiaque. Malgré les nombreuses avancées technologiques que représentaient les modèles de stimulateurs qui ont suivi, il demeurait le problème majeur des dommages annexes causés par la sonde reliée à l’appareil.

 

Après des années de recherches et de tâtonnements, Toulouse est aujourd’hui au centre de l’histoire de l’implantation cardiaque, avec l’arrivée d’une toute nouvelle génération de stimulateurs sans sonde, miniaturisés et entièrement autonomes. Le docteur Serge Boveda, cardiologue et rythmologue à la clinique Pasteur, a accepté de nous accorder un entretien pour nous expliquer les conditions dans lesquelles s’est déroulée cette innovation : « Le système qu’on a implanté à Toulouse c’est le stimulateur sans sonde, appelé Micra. C’est une technologie qui est produite par la société américaine Medtronic. Lorsqu’ils ont validé toutes leurs recherches et tous leurs essais cliniques, ils ont contacté le CHU de Toulouse et nous, à la Clinique Pasteur, pour débuter l’implantation de ces nouveaux appareils. Nous avons commencé les premières implantations en novembre 2015 et le CHU a commencé ses implantations en janvier 2016. L’opération se déroule en introduisant le stimulateur dans la veine fémorale à l’aide d’un cathéter. Il est ensuite glissé vers le cœur puis fixé sur le ventricule droit. Aujourd’hui nous en sommes à onze implantations à Toulouse depuis novembre 2015. Ces interventions sont réservées à des cas qui tiennent compte de situations spécifiques comme, l’âge du patient, son état clinique, ses indications de stimulations personnelles et ne sont pas encore disponibles pour tous les cas. »

 

Véritable révolution technologique estimée à 8 000 euros par implantation, cette avancée technologique voit son coût, actuellement, entièrement financé par les établissements hospitaliers qui en ont la pratique. Ces nouveaux pacemakers sont, malgré tout, la première génération d’appareils de plus en plus miniaturisés et de plus en plus autonomes. Doté d’une durée de vie comprise entre huit et dix années, ces nouveaux dispositifs sont destinés, dans les prochaines années, à accroître leur longévité tout en intégrant davantage de composants et d’options.

 

Bruno Samé