Pour incarner l’esprit d’un Émile Zola aux prémices de l’affaire Dreyfus, Pierre Santini a alterné le sacré et l’intime dans la Chapelle des Carmélites. Tous les soirs Zola se met à table et écrit à sa femme Alexandrine, une relation épistolaire qui balaie les mœurs de l’époque mais qui aurait pu se tramer de nos jours.
Zola tour à tour optimiste ou déçu conte à son épouse les coulisses de l’affaire Dreyfus, ce capitaine israélite qui se voit accuser à tort de trahison au profit de l’Allemagne. Trahisons politiques, paroles non tenues des uns et des autres Zola l’humaniste se démultiplie dans les journaux comme le Figaro pour faire place à la vérité. Les lettres qu’il envoie à sa « chère femme » sont pour l’écrivain un bol d’air quotidien et un galop d’essai avant son célébre « j’accuse… ! » qu’il publiera dans le journal L’Aurore le 13 janvier 1898 suite à la condamnation de Dreyfus.
Dans la voix de Pierre Santini toute une époque défile devant nos yeux, d’un ton chaud le comédien pose le contexte de ces écrits puis il s’emporte pour rythmer les sentiments d’un Zola fatigué et en guerre avec les âmes qui l’entourent. Assurément Pierre Santini devient Zola . « je crois pouvoir te confier le nom du vrai coupable c’est le comte Esterházy, commandant que l’on a mis dernièrement en retraite pour infirmité temporaire…ne prononce ce nom devant personne au monde », écrivait Zola à Alexandrine sa chère et tendre épouse .
De fil et en aiguille le souffle de l’écrivain se perd dans son engagement, moins euphorique et plus réaliste Zola se retrouve seul face au monde lorsque son allié politique au sénat Scheurer-Kestner joue la prudence. « Scheurer-Kestner a parlé au sénat, il n’a fait que se défendre et a posé nettement la situation sans rien dire de la vérité… seulement la campagne va continuer contre lui, dès que tu seras là je te mettrai au courant de ce que je compte faire », termine sous les applaudissements Pierre Santini alias Zola.
Pierre Jean Gonzalez
