Ils sont huit, issus d’écoles de cinéma et/ou diplômés en sciences humaines et se sont rencontrés lors d’un atelier tournage avec le réalisateur iranien Abbas Kiarostami à la Villa Arson à Nice en 2007.
Deux ans plus tard, ils montent l’association La Toile Blanche, et leur grand projet « Filmer la ville », se réalise grâce à leur motivation, aux partenariats développés et bien sûr aux participants, puisque c’est avant tout un programme participatif. La deuxième session de Filmer la ville, à lieu à Toulouse mais aussi dans 21 communes en Ile de France, à Marrakech et à Ramallah en Palestine. La nouvelle session de ce projet phare commence ces jours-ci.
Le projet Filmer la ville, en gestation depuis un bon moment a vu le jour il y a deux ans. C’est la réalisation du court-métrage la Passerelle de Tabar au Mirail, une expérimentation pédagogique et filmique, qui démarre concrètement l’aventure de Filmer la ville, aventure qu’ils espèrent ne jamais voir cesser. Les formats pour filmer la ville sont plus courts, « ce sont des films pastilles pour recueillir des paroles différentes, les mettre en réflexion pour susciter des discussions.
L’idée d’un programme participatif c’est pour rendre hommage à la parole citoyenne. Le support vidéo est au service de cette parole » explique Audrey Espinasse, réalisatrice et anthropologue. C’est par le biais de la Mission locale que les jeunes en insertion dans le monde du travail, peuvent participer à filmer la ville, il n’y a pas de critères de sélection mais l’envie de travailler dans le secteur de la culture de manière très large. Les jeunes et toute l’équipe s’investit beaucoup. Il y a les sessions collectives, chapeautées par Audrey Espinasse et Sami Lorentz. Puis éclosent petit à petit des des projets plus personnels et c’est Eva Baboulène, réalisatrice également qui planche sur ces idées émergentes. Les autres membres de la Toile Blanche sont au montage, à la captation des images et du son. Le matériel est prêté par la Toile Blanche.
Dépoussiérer le patrimoine
« Filmer la ville est un programme documentaire participatif qui permet la rencontre entre ceux qui pensent la ville, les architectes mais aussi les historiens, les archéologues, et les habitants. Ce sont des gens qui ne se rencontrent jamais or nous sommes tous légitimes à parler du patrimoine, invisible et ancien mais aussi nouveau. Il s’agit pour nous de dépoussiérer le patrimoine. Nous avons collaboré avec Paul Desgrez par exemple, il était l’adjoint de Georges Candilis sur la construction du Mirail, à l’occasion de la réalisation du court-métrage la Passerelle de Tabar, cette passerelle qui relie ou sépare l’université du reste du quartier. L’architecte a ainsi rencontré les habitants du quartier, notamment les jeunes. Le Mirail, dont on a une mauvaise image de l’extérieur est surtout un lieu de vie, ses habitants y sont attachés car c’est chez eux. C’est un sacré coup d’architecture, il fallait bien loger tout ce monde. Et puis le Mirail est exposé à la cité de l’architecture et du patrimoine à Paris, est enseigné dans les écoles », ajoute la jeune femme.
La Toile blanche est forte de ses partenariats avec plusieurs structures toulousaines comme notamment la mission locale, l’association Gargouille, le Musée Saint-Raymond ou encore le cinéma ABC qui projettera les court-métrage en avant programme à partir de l’automne prochain.
Anna An Duigou