Un aéroport en ombres chinoises

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photo CTI

Alors que l’État vient de rendre officiel la vente de 49,9 % de ses parts au consortium chinois Symbiose, le collectif contre la privatisation de la gestion de l’aéroport Toulouse-Blagnac présente un profil moins rose de ces nouveaux dirigeants.

 

« Selon les analystes économiques cités par Reuters et Bloomberg l’aéroport de Toulouse vaudrait aux alentours de 150 millions d’euros, pourtant le consortium chinois Symbiose a fait un chèque de 308 millions d’euros, la question déjà est de comprendre pourquoi achètent-ils l’aéroport au double de sa valeur réelle », se demande Christophe Lègevaques l’avocat du collectif contre la privatisation de la gestion de l’aéroport. Pour l’avocat toulousain tout est vraiment flou dans ce dossier. « Derrière le consortium Symbiose se cache en fait ni plus ni moins l’État chinois, Symbiose est un empilement de plusieurs holdings, pour certaines basés dans des paradis fiscaux et qui tentent de gommer la présence de l’État chinois mais en fait c’est bien ce dernier qui achète l’aéroport ». Un des autres aspects du problème de ce rachat pour le collectif se situe au niveau de la sécurité nationale car le domaine est sensible, Christophe Légavaques ne voudrait pas que l’on oublie que « l’aéroport est une entreprise stratégique et nous voulons comprendre là aussi pourquoi le gouvernement français laisse ce site stratégique aux Chinois ». Pour étayer ses doutes l’avocat du collectif s’appuie sur la convention de vote prévu entre les nouveaux actionnaires. « Dans le pacte d’actionnaires, dans l’article 2, l’état s’engage à voter comme Symbiose au niveau des votes qui seront soumis au conseil de surveillance et à l’assemblée générale, donc l’État renonce à son droit absolu qui est de réfléchir avant de voter et ça c’est écrit ».
Bon pour l’économie, mauvais pour l’air de la région toulousaine ?

On considère de manière générale que pour chaque million de passagers qui transite dans un aéroport il se crée environ mille emplois directs. Avec 7 millions de passagers à l’heure actuelle, l’aéroport pourrait à terme atteindre 18 millions de passagers et donc créer 10 000 emplois. « Mais ça c’est la magie des chiffres sur un tableau excel, comment absorber 10 000 emplois alors que le périphérique est bouché. De plus il ne faut pas oublier les riverains, pour eux ça va donner un passage d’avion toutes les 8 minutes, des nuisances sonores et de la pollution supplémentaire, mais là qui va payer la facture, on ne sait pas », termine Christophe Lègevaques.

 

 

Pierre Jean Gonzalez