Don du sang : Marisol Touraine prône « l’abstinence sexuelle pour les homosexuels et les bisexuels ».

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photo CH

Le collectif Homodonneur de Toulouse milite en faveur de l’ouverture du droit au don du sang pour les homosexuels et bisexuels, depuis 2009.

 

 

 

De nombreuses associations, experts, ministres et élus de tous partis revendiquent également que les critères de sélection au don du sang soient les mêmes pour les homosexuels HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) et bisexuels, que ceux pour les hétérosexuels. C’est-à-dire qu’ils soient basés sur le comportement sexuel et non sur l’orientation sexuelle, mesure qu’ils estiment discriminante. Egalité que ne prévoit pas encore le nouvel amendement de la loi Santé voté à l’unanimité le 3 avril dernier en première lecture à l’Assemblée nationale.

 

L’amendement contre l’exclusion des homosexuels au don du sang proposé par  le député UDI Arnaud Richard, voté à l’unanimité à l’assemblée et approuvé par la ministre de la Santé Marisol Touraine est basé sur le rapport de Josiane Pillonel, épidémiologiste à l’institut de veille sanitaire  en charge  de la sécurité relative à la transfusion sanguine. Selon ce rapport de l’InVS, la condition sine qua non à l’ouverture des droits aux homosexuels  est l’abstinence sexuelle de 12 mois précédant le don du sang. « Ce qui est paradoxal puisque c’est une mesure qui veut punir le risque or c’est l’exclusion, même si elle est ramenée à un an,  qui augmente le risque et peut pousser au mensonge. C’est une mesure hypocrite, une insulte et une régression quoi qu’en dise Marisol Touraine, que nous attendons au tournant de la navette parlementaire.  L’ouverture  aux mêmes conditions est un facteur d’amélioration de la sécurité sanitaire » explique Frédéric Pecharman du collectif Homodonneur de Toulouse.

 

 

L’établissement français du sang aux réserves fragiles.

« Les donneurs homosexuels apporteraient à l’EFS (Etablissement Français du Sang) cinq jours d’autosuffisance par an en transfusion sanguine selon un calcul fait à partir des données de l’INSEE. En se basant sur la proportion d’hommes en France de 18 à 71 ans, sur cette donnée recouper les 4 % d’homosexuels, sur ces 4 % recouper les 4 % de donneurs (estimation proportionnelle hommes-femmes  sur le plan national), ensuite déduire  les 20 %  de séropositifs estimés,  ce qui donne le chiffre arrondi à la baisse de 25 000 personnes exclues du don du sang » ajoute-il.

 
L’exclusion des homosexuels date du 20 juin 1983 avec la circulaire du professeur  Jacques Roux alors directeur général de la Santé. « Si à l’époque l’exclusion de la population homosexuelle était tout à fait sage et raisonnable en raison de la méconnaissance sur la transmission du Sida, elle est aujourd’hui désuète. Les homosexuels et bisexuels ont aussi le droit de vouloir sauver des vies. Rappelons que le don du sang se fait sur la base du volontariat, qu’un entretien médical basé sur la confiance est effectué et qu’enfin les tests sont fiables grâce au dépistage systématique et au diagnostic génomique viral (DGV).  Les exemples italien, espagnol et portugais démontrent le succès de cette réintégration sans aucune contamination supplémentaire constatée » conclut Frédéric Pecharman.

 

 

 

Anna An Duigou